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... pour un "art de la fiction"
La littérature n'est pas née le jour où un jeune garçon criant « au loup, au loup ! » a jailli d’une vallée néandertalienne, un grand loup gris sur ses talons : la littérature est née le jour où un jeune garçon a crié « au loup, au loup ! » alors qu'il n'y avait aucun loup derrière lui. Que ce pauvre petit, victime de ses mensonges répétés, ait fini par se faire dévorer par un loup en chair et en os est ici relativement accessoire. Voici ce qui est important : c'est qu'entre le loup au coin du bois et le loup au coin d'une page, il y a comme un chatoyant maillon. Ce maillon, ce prisme, c’est l'art littéraire. La littérature est invention. La fiction est fiction. Appeler une histoire « histoire vraie », c’est faire injure à la fois à l'art et à la vérité. Tout grand écrivain est un grand illusionniste, mais telle également est l’architrompeuse Nature. La Nature trompe sans cesse. De la simple supercherie de la reproduction à l'illusion prodigieusement complexe des mimétismes protecteurs chez les papillons ou chez les oiseaux, il y a dans la Nature un merveilleux appareil de charmes et d'artifices. L'écrivain de fiction ne fait que suivre la voie tracée par la Nature. Revenons un instant à notre petit sauvage criant « au loup ! » au sortir du bois ; on peut en quelque sorte résumer la chose ainsi : la magie de l'art était dans l'ombre du loup qu'il a délibérément inventé, dans son rêve du loup. Après quoi, l'histoire des tours qu'il avait joués fit une bonne histoire. Enfin, lorsqu'il mourut, le récit de son histoire prit valeur d'exemple la nuit autour des feux de camp. Mais le petit magicien, c'était lui. L'inventeur, c'était lui.
https://www.youtube.com/watch?v=cs9EH35G_G4&list=RDCMUClo03hULFynpoX3w1Jv7fhw&index=2
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Prolongeons le Printemps des Poètes !
Merci ARTE !
https://www.youtube.com/watch?v=WRZMU9M7dJk&list=PLPix-srLpfeqDIC2Uw0mQA2Ez84k-LNrM&index=3
EN FRANÇAIS : « Toutes les lettres d'amour... » Toutes les lettres d'amour sont Ridicules. Ce ne seraient pas des lettres d'amour Si elles n'étaient pas Ridicules. Moi aussi, dans le temps, j'en ai écrit; Elles étaient, comme les autres, Ridicules. Les lettres d'amour, si l'amour existe, Doivent être Ridicules. Mais, au bout du compte, Ce sont les gens qui n'écrivent jamais De lettres d'amour Qui sont Ridicules. Comme je voudrais revenir au temps Où j'écrivais, Sans m'en rendre compte, Des lettres d'amour Ridicules. La vérité est qu'aujourd'hui Ce sont mes souvenirs De ces lettres d'amour Qui sont Ridicules. [Tous les mots excessifs, Tous les sentiments excessifs, Sont, bien sûr, Ridicules.]
EN PORTUGAIS : Todas as cartas de amor... Todas as cartas de amor são Ridículas. Não seriam cartas de amor se não fossem Ridículas. Também escrevi em meu tempo cartas de amor, Como as outras, Ridículas. As cartas de amor, se há amor, Têm de ser Ridículas. Mas, afinal, Só as criaturas que nunca escreveram Cartas de amor É que são Ridículas. Quem me dera no tempo em que escrevia Sem dar por isso Cartas de amor Ridículas. A verdade é que hoje As minhas memórias Dessas cartas de amor É que são Ridículas. [Todas as palavras esdrúxulas, Como os sentimentos esdrúxulos, São naturalmente Ridículas.]
EN ALLEMAND : „Alle Liebesbriefe sind“ Alle Liebesbriefe sind Lächerlich Sie wären keine Liebesbriefe, wären sie nicht Lächerlich. Auch ich schrieb zu meiner Zeit Liebesbriefe Wie alle anderen, Lächerliche. Liebesbriefe müssen, Sofern Liebe besteht, Lächerlich sein. Doch letztlich Sind einzig die Kreaturen, Die nie im Leben Liebesbriefe schrieben, Lächerlich. Noch einmal wie damals Liebesbriefe schreiben, Ohne zu merken, daß sie Lächerlich sind. Heute sind es Meine Erinnerungen An diese Liebesbriefe, Die Lächerlich sind. (Alle proparoxytonischen Wörter, Wie auch paroxystischen Gefühle, Sind selbstverständlich Lächerlich.)
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9 JUIN
Ecriture automatique :
5 mn, un temps pour écrire tout ce qui vient et sans s'arrêter ni se censurer, au fil des mots... qui coulent à flots.
“ Dans la maison...”
2 JUIN
Ecriture automatique :
5 mn, un temps pour écrire tout ce qui vient et sans s'arrêter ni se censurer, au fil des mots... qui coulent à flots.
“ Déconfinement...”
26 MAI
Ecriture automatique :
5 mn, un temps pour écrire tout ce qui vient et sans s'arrêter ni se censurer, au fil des mots... qui coulent à flots.
“Au fond de la nuit...”
Vers tiré du poème :
Je suis rentré dans la maison comme un voleur
Déjà tu partageais le lourd repos des fleurs au fond de la nuit
J’ai retiré mes vêtements tombés à terre
J’ai dit pour un moment à mon coeur de se taire au fond de la nuit
Je ne me voyais plus j’avais perdu mon âge
Nu dans ce monde noir sans regard sans image au fond de la nuit
Dépouillé de moi-même allégé de mes jours
N’ayant plus souvenir que de toi mon amour au fond de la nuit
Mon secret frémissant qu’aveuglément je touche
Mémoire de mes mains mémoire de ma bouche au fond de la nuit
Long parfum retrouvé de cette vie ensemble
Et comme aux premiers temps qu’à respirer je tremble au fond de la nuit
Te voilà ma jacinthe entre mes bras captive
Qui bouge doucement dans le lit quand j’arrive au fond de la nuit
Comme si tu faisais dans ton rêve ma place
Dans ce paysage où Dieu sait ce qui se passe au fond de la nuit
Ou c’est par passe-droit qu’à tes côtés je veille
Et j’ai peur de tomber de toi dans le sommeil au fond de la nuit
Comme la preuve d’être embrumant le miroir
Si fragile bonheur qu’à peine on peut y croire au fond de la nuit
J’ai peur de ton silence et pourtant tu respires
Contre moi je te tiens imaginaire empire au fond de la nuit
Je suis auprès de toi le guetteur qui se trouble
A chaque pas qu’il fait de l’écho qui le double au fond de la nuit
Je suis auprès de toi le guetteur sur les murs
Qui souffre d’une feuille et se meurt d’un murmure au fond de la nuit
Je vis pour cette plainte à l’heure ou tu reposes
Je vis pour cette crainte en moi de toute chose au fond de la nuit
Va dire ô mon gazel à ceux du jour futurQu’ici le nom d’Elsa seul est ma signature au fond de la nuit !
Louis Aragon
19 MAI
Ecriture automatique :
5 mn, un temps pour écrire tout ce qui vient et sans s'arrêter ni se censurer, au fil des mots qui coulent à flots.
"Sortir..."
Proposition inspirée du texte d'Olivier Liron sur Instagram
12 MAI
Jogging / Ecriture automatique : 5 mn, un temps pour écrire tout ce qui vient et sans s'arrêter ni se censurer, au fil des mots qui coulent à flots.
“Regarder le ciel...”
Proposition inspirée du texte suivant :
Dans les forêts de Sibérie Sylvain Tesson
« Regarder le ciel à 6 heures du matin. Allumer le feu (en lui murmurant des mots gentils) et sortir puiser de l’eau. Noter que le thermomètre indique -2°. Manger un blini arrosé de thé brûlant. Regarder le lac à travers la vapeur du thé. Le regarder encore mais à travers la fumée du premier cigarillo. Finir la Promesse de l’aube en mangeant les baie d’Irina.. Rendre visite aux quatre fourmilières qui encadrent ma cabane à trois cents mètres les unes des autres et surveiller les travaux de consolidation. Chercher à la jumelle la tache noire des phoques au soleil. Dessinez la lampe à huile en essayant de rendre la transparence du verre. (…)
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En partenariat avec le festival Paris en toutes lettres, la BnF accueille chaque année deux écrivains en résidence littéraire, l’un sur le site Richelieu, l’autre sur le site François-Mitterrand. Alice Zeniter et Aurélien Bellanger, les deux résidents 2019, proposent une restitution publique de leur travail respectif.
Alice Zeniter est née en 1986 Elle a publié cinq romans, dont Sombre Dimanche (prix du livre Inter, 2013) et Juste avant l’oubli (prix Renaudot des lycéens, 2015). Son dernier livre, L’Art de perdre (Flammarion, 2017) a reçu le prix Goncourt des lycéens. Elle est également auteure et metteuse en scène de théâtre au sein de sa compagnie, L’Entente Cordiale. Elle a notamment créé deux spectacles jeunesse, Un Ours, of cOurse et Hansel et Gretel, le début de la faim ainsi que plusieurs lectures musicales à partir de ses textes ou de ceux d’écrivains qu’elle affectionne particulièrement. Elle restituera ses expériences de résident du site François-Mitterrand.
Aurélien Bellanger est né en 1980. Il a publié une trilogie romanesque sur les mythologies de la France contemporaine : La Théorie de l’information, L’Aménagement du territoire et Le Grand Paris. Il est également chroniqueur à la radio, dans Les Matins de France Culture. Son dernier roman, Le Continent de la douceur, est sorti en septembre 2019. Il restituera ses expériences de résident du site Richelieu.
Avec le soutien de la Fondation Simone et Cino Del Duca - Institut de France.